LE CANNABIS EN ALLEMAGNE
La réglementation de la consommation et de la culture de marijuana proposée par le gouvernement Scholz vise à réduire la criminalité associée à son commerce.
Le gouvernement de coalition allemand composé de sociaux-démocrates, de verts et de libéraux a convenu lors de son Conseil des ministres de dépénaliser l'achat et la culture limitée de 20 à 30 grammes de cannabis à usage récréatif, que ce soit dans des lieux privés ou publics.
Le gouvernement d'Olaf Scholz fait ainsi un pas de plus vers la normalisation légale d'une consommation qui reste soumise aux conditions clandestines imposées par l'interdiction de sa culture et de sa vente dans la majeure partie de l'Europe.
« Si tout se passe bien, je pense que la légalisation pourrait avoir lieu en 2024 », a souligné le ministre social-démocrate lors de la présentation de la feuille de route approuvée par le Conseil des ministres. Mais tout dépendra de l'évaluation de la Commission européenne.
L'Allemagne avait La culture de marijuana à des fins médicinales était déjà autorisée en 2014 et maintenant une nouvelle mesure avance avec le double objectif de lutter contre le marché noir et les mafias qui contrôlent le commerce et en même temps de protéger le consommateur potentiel.Le ministre a justifié cette réforme par sa volonté de « mieux protéger les enfants et les jeunes », estimant que la politique actuelle était inefficace dans un contexte de consommation croissante de cannabis. Quatre millions de personnes ont consommé cette drogue dite douce dans le pays l'an dernier, dont un quart avaient entre 18 et 24 ans, a-t-il indiqué.
Le ministre de la Santé, Karl Lauterbach, social-démocrate et lui-même médecin, prône une culture privée limitée à deux ou trois plants par personne, les achats publics étant autorisés dans les établissements agréés. Ces établissements doivent détenir une licence spécifique ; il ne s'agit pas nécessairement de pharmacies. La réglementation allemande impose des restrictions strictes quant à leur proximité avec les écoles et les universités. L'objectif ultime est de parvenir à une distribution contrôlée du cannabis, par opposition à sa circulation illégale actuelle.
L'échec des politiques répressives actuelles contre la consommation de certaines substances illégales contraint les pays à adopter des mesures permettant le contrôle et l'essor d'un commerce de plusieurs milliards de dollars. Les poursuites policières contre le crime organisé impliqué dans le trafic de cannabis ont rencontré un succès très limité. Et la permissivité progressive envers sa consommation ne constitue pas tant une capitulation qu'une normalisation contrôlée d'une substance qui représente 39 % de la consommation de substances illégales dans l'UE. La dépénalisation de la consommation dans de nombreux pays de l'UE s'accompagne presque toujours d'une interdiction paradoxale de son achat. Conséquence inévitable : l'achat et la vente sont laissés aux mains des réseaux de trafiquants, ce qui engendre d'importantes poursuites pénales sans réduire le risque de falsification. Des calculs récents de l'Université de Düsseldorf suggèrent que la légalisation générerait environ 5 milliards d'euros par an grâce aux taxes.
La proposition doit obtenir l'approbation de la Commission européenne et surmonter l'opposition de l'industrie pharmaceutique allemande et de certains États opposés à la mesure. Malgré cela, le gouvernement espère que la légalisation entrera en vigueur en 2024. Quoi qu'il en soit, le message envoyé par la première économie de l'UE propose une alternative à la répression policière pour acclimater légalement une consommation intergénérationnelle présente dans nos sociétés et de plus en plus acceptée. La réglementation est la mesure la plus judicieuse contre le commerce illégal.
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